Associer paysans et paysages est courant aujourd’hui. Mais cette relation est trop souvent implicitement positionnée, de telle manière qu’une forme de distance semble toujours résider dans les discours qui s’en emparent, qu’ils relèvent de la sphère scientifique ou de celle de l’action. Il s’agit d’une distance vis-à-vis du quotidien paysan et de la fabrique concrète des paysages. Plus particulièrement, les discours, qui s’inscrivent dans une logique d’action sur la base de cette association, ont tendance à écarter les expériences ordinaires des paysans eux-mêmes. De manière paradoxale, alors que ces discours se fondent sur cette relation même, ils semblent en réalité oblitérer la capacité propre du monde paysan à agir au quotidien en matière de paysage. Cet article propose au lecteur d’explorer les premiers fondements théoriques méthodologiques d’une manière d’aborder cette relation et une continuité d’action sans faire disparaître les expériences paysannes et les liens de paysage ...

Le numéro 28 de la revue Projets de Paysage fait l’objet d’une exploration. Celle des régimes de savoirs qui orientent l’action en matière de paysage. Il s’est agi de repérer et de clarifier des modalités de production alternatives de savoirs en situation, de nature à faire évoluer et diversifier les manières de conduire et de penser l’action publique dans les territoires. Le sujet invitait à une opération critique. C’est-à-dire à la mise en évidence directe ou indirecte de régimes de savoirs qui en contraignent d’autres. Autrement dit, aussi, à la mise en évidence de régimes de savoirs qui autoriseraient des bifurcations par rapport aux fils de l’action orthodoxe.

Les contributeurs se sont positionnés dans cette dimension critique. Certains de manière explicite, en ne faisant pas l’économie d’une approche frontale et politique du problème (Chauvier, Howa et Estevez, Marlin). Les autres de manière plus implicite, par la voie de l’expérimentation réflexive, de la présentation et de l’...

Place Caulier, dans un contexte en tension lié à d’importants mésusages et à plusieurs désillusions antérieures, la ville de Lille et la Métropole européenne de Lille (MEL) s’activent pour expérimenter un nouveau processus de projet. Ce dernier intègre un projet d’urbanisme transitoire coconçu avec des usagers pour expérimenter différentes formes d’aménagement. De cette façon, les services techniques et les élus s’autorisent le « droit à l’erreur » par la mise en place d’équipements légers et modulables pour alimenter un projet de requalification pérenne d’ici 2024. En tant que paysagiste conceptrice et doctorante en contrat CIFRE avec la ville de Lille, j’ai pour mission de piloter l’ensemble du projet Caulier, d’en rendre compte et de voir dans quelle mesure la participation d’enfants peut amener les adultes à renouveler des pratiques instituées dans la collectivité. Je propose pour cet article de présenter les questionnements relatifs à l’ambivalence de ma posture impliquée à la ...