La maison marocaine moderne hébergeait, en 2014, plus que la moitié des ménages marocains et elle représentait, en 2012 , le soixante pourcent du parc de logements du Maroc. Malgré les critiques qu’on peut avancer à ce modèle d’habitat, cela constitue, sans doute, une composante majeure de l’histoire de l’urbanisme d’après l’indépendance : issue de l’adaptation de l’habitat pour le plus grand nombre de Michel Ecochard, la diffusion de ce type d’habitat est le résultat d’une circulation de savoirs et de techniques qui a été progressivement codifiée par les outils de planification. La présente contribution vise à retracer la genèse et l’évolution de la typologie de la maison en bande au Maroc et à analyser les facteurs qui ont déterminé son succès, tout en mettant en évidence les atouts d’une telle architecture ordinaire. Dans ce but, l’approche de recherche critique adoptée met en relation l’analyse des documentations historiques avec l’étude conceptuelle des lotissements urbains. Elle s’appuie sur la documentation normative et graphique pour définir les contours de la typologie architecturale dite « maison marocaine moderne » et, ensuite, elle s’articule en deux parties d’observation et réflexion critique : la première se base sur des sources documentaires pour définir les phases d’introduction, élaboration, imbrication et diffusion du modèle ; la seconde questionne les aspects qui en ont favorisée l’emploi massif, focalisant trois processus : a.La simplification topologique de l’assemblage dans le tissu urbain, favorisant la reproductibilité du lotissement ; b.L’adaptabilité typologique et ses variations ; c.La flexibilité du mode constructif, permettant sa répétition dans la diversité esthétique. La comparaison avec d’autres expériences de la même période suggère la migration et l’adaptation locale du modèle d’habitat au sein des villes méditerranéennes. Le recul critique permet également d’évaluer ce dispositif de production urbaine d’une grande souplesse conceptuelle, apte à une fabrication de la ville aux qualités propres, telles que l’échelle humaine des établissements, l’étalement par noyaux de proximité, l’appropriabilité sémantique de la maison.

Les fonds photographiques des Services départementaux de restauration de terrains en montagne témoignent d’un épisode clé de l’histoire de la modernisation du territoire français. Il s’agit de modeler le climat en régulant le régime des eaux pour éviter les catastrophes naturelles – crues, inondations, éboulements – et d’aménager des territoires envisagés désormais comme des capitaux à développer. À partir de la fin du XIXe siècle, on étudie et on appareille de dispositifs variés articulant génie civil et génie végétal, une montagne envisagée désormais sous le prisme de l’État aménageur et découpée en périmètres. Les photographies, avec leur processus de production et de mise en circulation méthodiquement programmé, font partie de l’appareillage technique des ingénieurs. Elles sont les médias matériels et symboliques d’une relation parfois ambiguë aux réalités naturelles, que ce texte tente de décrire en partant du postulat selon lequel l’étude de ces documents alimente une réflexivité historique et une mise en perspective nécessaire de nos imaginaires environnementaux.

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